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Interviews crétines

19 novembre 2006

"La sociologie de la bouteille II", un roman de Mlle D.

                           

Une étroite rue me conduit jusqu'à une esplanade bétonnée, sur fond de barre d'immeubles. Quelques enfants s'amusent. Je me trouve face à mademoiselle D.

Julius : Bonjour, vous êtes donc mademoiselle D., talentueuse sociologue. Vous avez récemment défrayé la chronique avec votre dernier livre "Sociologie de la bouteille" qui traitait de la vision sociétale du recyclage des contenants en plastique divers, et êtes désormais considérée comme la référence en matière d'analyse de l'environnement urbain. Votre prochain livre intitulé "Sociologie de la bouteille II" sort dans quelques jours. Peut-on dire que c'est une suite au précédent volume ou bien quelque chose de radicalement différent ?

Mlle D. : En un sens "Sociologie de la bouteille II" semblerait être une réplique exacte du premier opus,  pour tout bibliophile : même nombre de pages, 5555 pour être précise, même encre utilisée, même format, même papier, même colle... Pour ce qui est de la forme, j'ai décidé d'analyser la Bouteille d'un point de vue tout à fait novateur, accessible, et ouvert. Je retourne la situation voyez-vous, ça n'est plus la sociologie de la Bouteille, mais DANS la bouteille.

Julius : De la sociologie dans la bouteille, dites-vous, mais je suppose que cela a impliqué une véritable enquête de terrain, avec toutes les contraintes du milieu, que nous aborderons par la suite. N'avez-vous pas peur en reprenant exactement le même sujet de fond, d'être cataloguée comme sociologue bouteillophile ?

Mlle D. : J’ai très peur.

Mlle D. prend un air apeuré.

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18 novembre 2006

Le remodelage anatomique, jusqu'où ira l'architecture ?

      

Un petit appartement dans le XVIème, vue sur la rue. Chez Mr et Mme C., ça sent le café et la nouille cuite. Le couple me reçoit au boudoir. Mr est en noir, Mme en blanc. Contraste.

Tante Julia : Bonjour. Bien, nous allons commencer si vous êtes prêts. Mme C., vous êtes la jeune et ravissante épouse de Mr C., célèbre architecte libanais, dont les exploits architecturaux résonnent encore à nos oreilles. Mr C., vous êtes aujourd’hui le créateur, le fondateur, d’une nouvelle idéologie architecturale : le remodelage anatomique. Expliquez-nous brièvement de quoi ça s’agît.

Mr C. : Bonjour. Bien, puisque vous décidez d'entrer dès maintenant dans le vif du sujet si j'ose dire, je vais vous expliquer ce projet dans le détail. (Se racle la gorge) Après de nombreuses années de mariage, la plupart des couples se lassent l'un de l'autre. Je m'explique, ils se connaissent tellement bien qu'il n'existe plus la moindre surprise possible. C'est pourquoi je suis sur le point d'entreprendre un remodelage complet de mon épouse. C'est, comme vous pouvez vous en douter, un travail de grande ampleur. Chirurgical avant tout, mais aussi créatif, chose qui ne m'est pas inconnue de par mon métier, n'est ce pas ?

Tante Julia : En effet. Mme C., pourriez vous nous expliquez ce que votre mari compte modifier, remodeler dans votre corps ? N'avez vous pas peur d'être classée parmi ces femmes accro à la chirurgie esthétique, celles qui refusent le vieillissement ?

Mme C. : C’est une question bien curieuse que vous me posez là madame. Vous ne pensez tout de même pas que je vais vous révéler tout ce que mon mari compte entreprendre sur mon corps ? Ce serait gâcher toute la surprise et ça ne serait pas très loyal envers tous vos collèges qui n'ont pas eu la chance de se trouver à votre place. Je peux tout de même vous annoncer que le résultat sera quelque chose de jamais vu auparavant. Et également quelque chose de très surprenant, enfin, quand on sait ce dont mon époux est capable…

Tante Julia : Mais, il me semble avoir eu l'exclusivité... Si je n'ai rien à écrire dans cet article, je peux toujours ressortir certaines photos de votre couple prises cet été à Saint-Troupez, les lecteurs pourront ainsi se faire une idée des réparations futures.

Mme C. regarde son mari avec panique. Se racle la gorge puis le pousse légèrement avec son coude.

Mr C.: Puisque vous y tenez, je vais vous révéler quelques unes des manipulations que je vais effectuer sur mon épouse. Tout d'abord cela va se traduire en terme de retrait. Retrait des masses disgracieuses, retrait des plis indélicats. Je vais commencer par entailler ici (Désigne du doigt la tempe de son épouse) avant de redescendre le long de la joue, jusqu'au cou. Une fois les bajoues éliminées, nous allons faire en sorte d'épurer toutes ces vilaines lignes affaissées que vous pouvez voir ici et ici. Ceci est la première phase du processus. Eliminer, épurer, affiner, de manière à obtenir une base saine.

Tante Julia : Nous pouvons donc vous considérer comme un architecte du néant, mettant en scène la pureté, la netteté, comme base concrète d'un tout omniscient ?

Mr C. : Tout à fait, recréer la beauté à partir du néant esthétique, cela a toujours été mon objectif principal.

Mme C. : Et la base de son talent.

Tante Julia : Mr C., qu'est ce qui rendra ces opérations différentes de la chirurgie esthétique lambda, du ravalement de façade habituel ? Où se trouve la dimension architecturale de votre entreprise ?

Mr C. : Cette dimension à laquelle vous faîtes allusion s'exprimera dans la seconde phase de mon travail. Car après le retrait, vient l'insertion. Insertion, non pas de produits siliconés comme on pourrait s'y attendre, mais de réels matériaux de construction réduits à l'échelle humaine. Prenez les dents, elles seront remplacées par un marbre d'Italie finement ciselé. Pour les arcades sourcilières, seront utilisées de petites poutres en titane. Bien d'autres choses seront insérées par la suite.

Tante Julia : Mme C., vous devez faire bien des envieuses... Être ainsi l'oeuvre d'art, créée par les mains d'un fougueux Pygmalion tel que votre mari. Je suppose que vous êtes fière de devenir la maison humaine dont rêvait tout architecte...

Mme C. : Voyez vous, à notre époque, je trouve ça totalement normal. C'est la destinée de toute femme d'être remodelé par l'homme.

Tante Julia : Heu... oui. Les chirurgiens estiment que les travaux de rénovation, si je puis dire, vont durer au moins quarante années. Or, il y a dans votre couple une différence d'âge de 50 ans, en faveur de Mr. Mr C., pensez-vous être encore de ce monde lorsque l'entreprise sera aboutie ? Auquel cas, avez-vous prévu un échappatoire ?

Mr C. : Oui, je sais ce que les chirurgiens disent. J'ai tracé moi même les plans et que voulez-vous, les grandes oeuvres prennent du temps, à coté de cette réalisation, les pyramides sont des tas de paille. Regardez, (Attrape sur la table design, devant lui, un objet ressemblant à un galet) cette pièce sera placée dans l'aile sud-est pour donner une forme harmonieuse aux hanches. Regardez bien, ce lissé, ce poli. C'est une idée de la perfection que je tiens entre mes mains, rien d'autre. Peu importe le temps que cela prendra, j'ai encore assez de vitalité pour finir mon projet, et en profiter.

Tante Julia : Comment comptez-vous en profitez ? (Pose la main sur la cuisse de l'architecte) Il va sans dire qu'une fois l'entreprise réalisée, Mme C. sera une oeuvre inapte à satisfaire certains besoins humains... La maison ne sera pour ainsi dire,  plus habitable.

Mr C. : Détrompez-vous, ma femme sera bien plus habitable qu'elle ne l'est aujourd'hui, l'optimisation est une donnée fondamentale de ce projet. Si vous le souhaitez, nous pourrons discuter un peu plus tard, des plans. Je vous montrerais mes méthodes... d'optimisation.

Mme C. fait un sourire forcé à la journaliste.

18 novembre 2006

"Dédale et fringale" : scandale sur la croisette

Une chambre élégante et discrète dans un riche hôtel teuton. Monsieur B. est là, il m'attend : peignoir, barbe de trois jours, visage fatigué, sans doute le stress de la promotion de son dernier opus cinématographique. Il m'invite à m'asseoir dans la pièce principale.

Mr B. : Oui, mais je ne vous promets pas d'être à la hauteur, vous me prennez au réveil, comme ça, sans m'avertir. Je serais en droit de refuser, mais néanmoins, je vois que vous êtes pressée... Allez-y, je suis à vous.

Tante Julia : Merci Monsieur B.. Je pense qu'il est dispensable de rappeller que vous êtes le scénariste en fief et attitré du grand réalisateur germain Pbizesfzieouzsg, devenu célèbre grâce à vos répliques telles que "Merde j'ai chaud" dans "Combinaison fatale" ou encore "Aquarelle, de quoi j'me mêle" dans "Constantin le Grand"... Hum... Aujourd'hui sort votre premier film en tant que réalisateur et scénariste, "Dédale et fringale", quels sont les principaux points novateurs de votre dernier scénario ?

Mr B. : Ce film m'a pris 17 ans de ma vie, je vous avoue être heureux de m'en débarasser enfin. Quand je travaillais avec Germain, les choses étaient limpides, maintenant, pour m'etre retrouvé à sa place, je suis bien conscient du revers de la médaille. Cette oeuvre à beau être majeure, au bout de 17 ans, je n'ai qu'une envie, m'en débarasser au plus vite. Comprenez moi, la véritable innovation dans "Dédale et Fringale", dont je suis le réalisateur, l'auteur, et l'acteur principal, est l'absence de tout mouvement de caméra, de tout mouvement tout court d'ailleurs. ou presque. Imaginez, premier plan, un aquarium, un poisson. Second plan, même aquarium, même poisson. Troisième plan, la lumière commence à changer, boulversant totalement la géographie visuelle de la scène. Bien sur, l'apogée du film est le plan 39, lorsque l'on voit la main  de l'acteur principal verser de la nourriture au poisson. C'est l'apogée dramatique. C'est l'hypotruc du film. Comprennez, ce n'est pas qu'un simple film, c'est l'univers recréé dans toute sa complexité.

Tante Julia : Mais n'est-ce-pas une vision quelque peu pessimiste, de dire, d'affirmer, que toute la complexité du monde est contenue dans un aquarium Jardiland ? De plus ce poisson, votre partenaire dans le film, flatule dès le début du plan 89, ce qui est flagrant puisqu'il fait des bulles. "Dédale et fringale" est-t-il un film qui asphyxie le monde ?

Tante Julia se masturbe intellectuellement, hum c'est bon.

Mr B. : Ce chef d'oeuvre est bien entendu à volonté provocatrice. Prennez le plan 127, lorsque le poisson attrape finalement une paillette de nourriture, c'est l'incarnation de la destruction, mais de la destruction créatrice. Ce poisson, c'est nous, et cette main, c'est Dieu. Le plan 89 auquel vous faîtes allusion, là aussi est une représentation flagrante de la société. Nous sommes responsable du boulversement climatique. Je pense avoir réussi à dénoncer tous les grands problêmes actuels, et ce poisson est une représentation parfaite de nous même. Bien entendu le choix de l'aquarium aurait pu etre tout autre, et un simple bocal "Jardiminiprix" aurait suffit. Mais je pense vraiment que c'est dans un "jardiland" que l'oeuvre pouvait prendre toute son ampleur dramatique.

Tante Julia : Alors, peut-être est-ce une question idiote, mais pourquoi avoir refusé de grands acteurs, tels que Mickael Goulag, Colin Fish ou encore Brad Thon pour interprêter le rôle du poisson ?

Mr B. : J'ai longuement réfléchi à la question, Colin Fish a d'ailleurs fait des prises d'essai, mais lors de son léger problême d'apnée prolongée qui l'a rendu tétraplégique lors de la prise de la 2è scène, j'ai pris la décision d'utiliser un vrai poisson.

Tante Julia : Une interrogation pend cependant aux lèvres de tous les participants du festival de Cannes : pourquoi un cabillaud ?

Mr B. : Comprennez, le cabillaud est un symbole, le cabillaud est le symbole de notre humanité. Il est en voie de disparition, nous aussi. Mais il y'a autre chose, de plus profond, au delà de cette évidente analogie, le cabillaud à, comment dire, un regard, une forme d'intelligence qui transparait à l'écran. Il est le regard cynique de la nature sur l'homme, il est l'homme, il est ambivalent, il est tout. D'ailleurs ne dit-on pas que le poisson rend intelligent ? La boucle est boucle, comprennez.

Tante Julia se dit qu'elle comprend.

Tante Julia : Monsieur B., vos détracteurs vous soupçonnent d'avoir effrontemment choisi d'utiliser de l'eau "GlouGlou" pour remplir l'aquarium, afin de provoquer la panique générale. Rappelons que l'usine "GlouGlou" a dû fermer il y a quelques mois, accusée de mêler des traces d'opium au plastique de ses bouteilles. Votre acte était-il totalement délibéré ?

Mr B. : Et bien, comprennez, l'eau GlouGlou était une petite entreprise familiale, ça ma paraissait important de leur rendre hommage pour tout ce bonheur qu'ils m'ont procuré. Mais à la mort du troisième cabillaud, j'ai définitivement pris le parti d'utiliser de l'eau de mer.

Tante Julia : Bien sûr. Enfin, nous ne sommes pas là uniquement pour parler de votre film, après tout c'est une interview, il est de mon devoir de prendre des nouvelles croustillantes à propos de votre vie familiale (sexuelle ?). Mr B., comment a réagi votre femme, Angela Poulaille, à l'annonce de votre liaison avec Bill Gates ?

Tante Julia murmure à l'oreille de Mr B. : Vous savez, j'adoooooooore les ordinateurs, toutes ces petites touches, et cette grosse souris à manier...

Mr B. : Ma liaison avec Bill.. Je vous avoue qu'à froid comme ça, c'est un peu dur d'en parler. Angela a, pour sa part, très bien pris la chose, ce n'était qu'un juste retour des choses après sa liaison avec Brigitte Bardot. Et.. (Entend ce que lui dit la journaliste, déglutit bruyament, et l'air de rien, bande) Hum.. Vous savez, Bill est quelqu'un comme nous, il a d'ailleurs eu la gentillesse d'avancer les 17 millions de dollars pour la production de "Dédale et Fringale". (Effleure la main de la journaliste) Il m'a aussi donné quelques cours d'informatique, je me suis occupé des effets spéciaux moi même, je pourrais vous en faire profiter si vous le souhaitez.. (Affiche un sourire enjoleur).

Tante Julia : Des effets spéciaux... comme dans le plan 5554, lorsque le poisson vous arrache la main ? Alors c'était un effet spécial ?

Mr B. : Malheureusement non.

Tante Julia : Ah.

Mr B. : D'ailleurs, si vous me permettez une question, nous sommes entre nous, avec votre physique, vous n'avez jamais songé à faire du cinéma ?

Tante Julia : Le cinéma ? (Eclate de rire) Voyons Mr B., je suis sérieuse moi, je suis journaliste. (Voyons...)

18 novembre 2006

La bouteille : polémique mondiale

Tante Julia : Alors, Mr A., vous êtes l'exemple rutilant de l'entière profession journalistique et aussi médiatique internationale, depuis votre fulgurante ascencion dans la hiérarchie du mensuel "Femmes, poteries, tricot et macramé"... Hum... depuis quand fumez-vous des bouteilles d'eau ?

Mr A. : Depuis ma plus tendre enfance, c'est mon père qui m'y a initié. Le goût du plastique fumé fait voir de jolies couleurs d'ailleurs, c'est ce qui m'a tout naturellement porté vers ce grand journal qu'est aujourd'hui FPTM. Et dont je souhaite saluer au passage les nombreux lecteurs.

Tante Julia : Naturellement... Mais est-ce que le FPMT voit aujourd'hui d'un bon oeil vôtre, disons-le franchement, nous sommes tous les deux journalistes, nous utilisons les mots justes bien évidemment, vôtre dépendance face à la bouteille en plastique ?

Mr A. : Comprenez moi, cette bouteille n'est pas qu'une bouteille, c'est une véritable institution du quotidien. Non mais, je vous le demande, que ferions-nous sans la bouteille ? Pour ce qui est du magazine, je crois que cette pratique est plutôt bien acceptée. Mes collaborateurs apprécient parfois même d'y goûter, comme quoi, il n'y a pas que dans le milieu de la télé que l'on se drogue. Si vous me le permettez, je vous demanderais de m'excuser un instant. Je vais faire "pleurer le poireau" comme on dit à FMPT.

(Bruits fluviaux)

Tante Julia : J'entends bien Mr A.. Mais il me semble important de signaler le furieux impact que votre pratique a eu sur les lectrices de FPMT, principalement âgées entre 8 et 121 ans, et la récente ouverture des centres de désinbouteisoplatisctation, destinés à accueillir les nouvelles adeptes. De plus permettez-moi de rappeller que, les usines de recyclage ont dû, il y a 2 mois, licencier plus de 400 000 employés, faute de matière à recycler. Ne trouvez-vous pas que la bouteille va parfois trop loin ?

(Toussotements)

Monsieur A. : Ecoutez mademoiselle, vous semblez encore bien jeune, sachez dès maintenant que c'est le bouchon et non la bouteille qui va trop loin. Je ne dis pas ça pour vous critiquer, bien au contraire (Rire crétin) mais pour vous aider. Revenons-en à l'interview. Ces lectrices, voyez-vous, sont en pleine possession de leurs moyens, elles sont conscientes de leurs actes et je ne vois pas en quoi j'aurais pu les influencer de quelque manière que ce soit. Et pour ce qui est des usines, laissez moi rire, on n'entend qu'ça toute la journée, alors qu'il y'a bien plus grave, la crise des tailleurs de stylos bics par exemple, ou bien des testeurs de lingettes, les vrais problêmes sont là, voyez-vous. Je ne me laisserais pas embarquer dans cette pÔlémique absconse. Poursuivez je vous prie.

Tante Julia pleure.

Mr A. : Reprenez vous je vous prie, un peu de tenue, nous ne sommes pas en direct, mais quand même.

Tante Julia : Fort bien, je poursuis, justement nous ne sommes pas en direct, pleurer ou mourir ne sert donc à rien. Puisque vous semblez être plutôt tangeant en ce qui concerne les conséquences de la boutamania sur l'économie ou sur les jeunes pré/post-pubères délirantes et fanatiques qui vous imitent, abordons le sujet sensible. Mr A., le monde s'inquiète. Vous toussez.

Mr A. : C'est un fait, je tousse. Mais n'y voyez pas là une marque d'irrespect, mon petit. Ce n'est que l'apanage des grands hommes, l'abus de pouvoir fait tousser. (Se gausse en toussant)

Tante Julia : Je parlais, Monsieur, de l'effet que la bouteille a sur vôtre santé. Etant donné que la question vous concerne, vous aurez sûrement le vice de pousser la réponse à au moins deux phrases potables.

Tante Julia déboutonne son chemisier, et par ce même fait accélère son décolleté.

Mr A. : Potable, comme c'est cocasse et joliment employé. Je vous remercie pour cet intérêt flagrant que vous portez à ma santé, et ne vous dirais qu'une seule chose: la bouteille m'a sauvé la vie, ce ne sera que juste retour des choses si elle y met fin. C'est elle qui a permis de rendre vivable cet enfer qu'est notre société. Je remercie toutes les bouteilles, qu'elles soient striées ou lisses pour ce miracle du quotidien., Ha ha ha ! (S'étouffe et tousse en voyant le décolleté, puis se reprend) Voyez-vous, je suis un homme du monde, où ma bouteille passe, rien n'est plus comme avant (Se rapproche un peu avec un demi sourire) Voyez-vous ?

Mr A. se dit que la bougresse n'a pas froid aux yeux.

Tante Julia : Aïe si. Mais les dimensions boutelières sont peu accessibles à la gent féminine commune, pour insérer il faut viser haut, et surtout gros. Est-ce donc là l'idée que nous devons nous faire des lectrices du FPMT, des femmes hautes, grosses, ou encore dilatées et réceptives ?

Tante Julia reboutonne son chemisier, est une fille sérieuse, non mais oh !

Mr A. : Comme vous y allez mon petit, je ne pense pas que nos lectrices puissent se définir par des critères aussi physiques. Par contre, dilatées et réceptives, cela, oui c'est indéniable, notre dernier article sur les utilisations pratiques de la courgette en milieu urbain, fut un franc succès. Mais si cela peut vous rassurer, qu'importe la taille de la bouteille, ce qui compte c'est la manière de la fumer. Avec un peu d'audace, tout rentre ma chère, tout rentre. (A une discrète moue de déception quand "mon petit" se rajuste) Et pour ce qui est de l'audace vous savez, il en faut pour réussir, surtout dans un métier comme le notre.. Voyez-vous ?

Tante Julia : Hélas certains boutillophobes ne voient pas. La dimension de la bouteille reste un problème de consommation, et ceux qui y ont été confrontés ont du adapter le produit à leur capacité d'insertion, d'absorption. Ces "non-puristes", les inventeurs de la bouteille hachée, critiqués par les connaisseurs emplastiqués et les vieux gribous, sont-ils à votre avis de véritables profanes ? Est-ce un crime de trancher la bouteille ?

Mr A. : Je serais bref, trancher la bouteille est un acte hérétique.

Tante Julia : Votre vocabulaire relève de l'inquisiteur, non du journaliste.

Mr A. : Bien entendu, c'est pourquoi l'on ma surnommé maintes fois l'homme en noir du journalisme. En ce qui concerne les problèmes de consommation, c'est à l'utilisateur de s'adapteur, non à l'utilisé. Simple question de respect, voyez-vous ? Hacher, trancher, sont des actes d'une ignominie sans nom. Sans oublier le caractère phallique de la bouteille qui doit inspirer respect, déférence, et... vénération, si j'ose puis oser m'exprimer ainsi.

Tante Julia : Ainsi, c'est à l'utilisateur de modifier son anatomie, en allant jusqu'à hacher, trancher, les receptacles trop étroits ?

Mr A. : N'allons pas jusque là, mais il est toujours possible de trouver un compromis, de distendre, d'étirer sans pour autant atteindre le point de rupture. Si par malheur celui-ci est atteint, il ne faut s'en prendre qu'à soi même, pas à la bouteille, voyez-vous ? Maintenant, est-ce que vous me permettirez une question indiscrète, je suis curieux voyez-vous ?

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